Alors que des milliers de Maliens se préparent à rentrer chez eux, IDMC met en garde contre une dure réalité

Report this content

Genève, le 20 février 2013 – Un rapport publié aujourd’hui par l’Observatoire des Situations de Déplacement Interne (IDMC) s’inquiète du fait que le retour prochain de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du Mali vers le nord du pays, basé sur une fausse impression de sécurité, pourrait causer de nouveaux déplacements.

Communiqué de presse : pour diffusion immédiate

Une impression de sécurité erronée pour des milliers de personnes en attente de pouvoir rentrer chez elles

Le rapport d’IDMC énonce que le retrait des groupes armés islamistes et la reprise de leurs bastions par les soldats français, maliens et ouest-africains, ont engendré de nombreux changements dans le pays, avec près de 93 pour cent des personnes déplacées interrogées désireuses de rentrer chez elles après avoir vécu plus d’un an comme personnes déplacées. D’éventuelles perceptions de sécurité ont dans certains endroits été soutenues par des appels publics encourageant ces personnes à rentrer chez elles.

Une réalité autre dans les régions d’origine

Le rapport indique cependant que  les personnes déplacées pourraient trouver une toute autre réalité à leur retour. « L’intervention militaire n’a pas soigné tous les maux », déclare Elizabeth Rushing, analyste chez IDMC pour le  Mali. « Des menaces invisibles sont toujours présentes avec des rapports de tensions ethniques et la peur que les militants islamistes se soient regroupés dans les montagnes d’où ils pourraient planifier d’autres attaques et attentats-suicide dans le nord ».

L’insécurité alimentaire, déjà présente dans la région depuis des années et aggravée par le conflit, reste une inquiétude majeure. « La réalité que les personnes déplacées pourraient retrouver chez elles n’est pas celle qu’elles imaginent : il y a peu de nourriture et la tension et l’instabilité demeurent. Des retours prématurés et non-coordonnés pourraient causer de nouveau le déplacement de milliers de personnes », ajoute Rushing.

Un appel à la communauté internationale à rester attentive à la crise malienne

IDMC appelle la  communauté internationale à agir  rapidement pour  saisir l’opportunité de soutenir le Mali dans ses efforts de retour à la normale. « Les organisations humanitaires doivent profiter de l’ouverture progressive de l’espace humanitaire pour étendre leurs actions dans le centre et certaines parties du nord du Mali. Elles doivent se préparer à coordonner les mouvements de retour afin que les personnes qui rentrent puisse trouver la sécurité et vivre en paix », déclare Rushing.

Malheureusement, les marges de manœuvre des organisations humanitaires et du gouvernement pour répondre aux besoins des citoyens sont limitées par de sérieuses insuffisances en financements et en moyens. Seulement 3 pour cent des fonds nécessaires pour participer à la reconstruction du pays ont jusqu'à présent été financés « Nous sommes à un moment critique », commente Rushing. « Il y a un vrai risque que la situation du pays continue à se détériorer et qu’il connaisse des troubles permanents si la communauté internationale détourne son attention du Mali à ce moment décisif ».

FIN

Notes à l’éditeur

  • Près de 230 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Mali en 2012.
  • Sur les 93% des ménages interrogés à Bamako et à Koulikoro qui prévoient de retourner dans le Nord, près des deux tiers attendent d’être rassurés quant aux conditions de sécurité dans leurs régions d’origine, et près de 90% pensent que la sécurité sera rapidement assurée. Cela présume de mouvements de retour importants dans les mois à venir lorsque les routes et les services de bus rouvriront. Certaines personnes prévoient de rentrer en fonction de la saison agricole, d’autres attendront la fin de l’année scolaire en juin.
  • La plupart des personnes déplacées vit dans des zones urbaines ou péri-urbaines telles que Bamako, Mopti et Ségou, où elles ont été accueillies dans des familles ou trouvé des habitations à louer. La plupart ne va pas rentrer tout de suite : les personnes déplacées ainsi que les familles d’accueil vont continuer à avoir besoin de soutien.
  • Depuis le début de l’intervention militaire en janvier 2013 et l’augmentation des tensions ethniques et d’actes de vengeance, près de 16 000 personnes ont fui le centre du Mali vers le Sud. Plus de 6 600 personnes ont fui vers le nord près de la frontière algérienne, qui reste fermée.
  • Seuls 3% des 373 millions de dollars demandés dans le processus d’appel global ont été financés.

Pour plus d’informations, contactez :

Julia Blocher
Chargée de communication/ Attaché de presse

l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC)
Email: julia.blocher@nrc.ch
Portable: 41 79 175 88 87

L’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC)  (www.internal-displacement.org) a été créé  par le Conseil norvégien pour les  refugies en 1998, à la demande du Comité permanent inter-agences (IASC). L’IDMC surveille l’évolution des déplacements internes provoqués par les conflits, la violence, des violations des droits de l’Homme et des catastrophes naturelles dans plus de 50 pays. Il est largement reconnu comme la principale source d'information et d'analyses sur les déplacements internes dans le monde.

Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser à www.internal‐displacement.org (site web en anglais).

Suivre IDMC sur les réseaux sociaux

Facebook: http://www.facebook.com/InternalDisplacement

Twitter: @IDMC_Geneva

Tags:

Multimédia

Multimédia

Citations

« Nous sommes à un moment critique. Il y a un vrai risque que la situation du pays continue à se détériorer et qu’il connaisse des troubles permanents si la communauté internationale détourne son attention du Mali à ce moment décisif »
Elizabeth Rushing, analyste du Mali à l'IDMC
« L’intervention militaire n’a pas soigné tous les maux, des menaces invisibles sont toujours présentes avec des rapports de tensions ethniques et la peur que les militants islamistes se soient regroupés dans les montagnes où ils pourraient planifier d’autres attaques et attentats-suicide dans le nord, où la présence de l’État est toujours faible »
Elizabeth Rushing, analyste du Mali à l'IDMC